Reprise des immatriculations de véhicules Mercedes ordonnée en référé par le Conseil d’État

Le 11 Sep 2013

Par Patrick Gaulmin

Voici une illustration de la diversité du contentieux administratif, qui est susceptible de concerner de très nombreux domaines d’activités.

Il s’agit d’un arrêt du Conseil d’Etat, statuant en tant que juge des référés, qui touche les immatriculation de certains véhicules Mercedes (CE, ord., 27 août 2013, n° 370831, Sté Mercedes-Benz c/ France).

Le 26 juillet dernier, le ministre chargé des transports a pris, sur le fondement d’une clause de sauvegarde prévue par le droit de l’Union européenne, une décision refusant provisoirement, et pour six mois au plus, l’immatriculation sur le territoire français des véhicules Mercedes classes A, B, CLA et SL produits par Mercedes.

Cette décision se fondait sur une non-conformité du liquide de climatisation aux normes communautaires.

Saisi par la société Mercedes-Benz France d’une demande de suspension en urgence de cette décision, le juge des référés du Conseil d’État, prenant en compte la faible proportion de nouveaux modèles (moins de 6 %) et de véhicules (seulement 1,74 %) immatriculés en France en 2013 équipés du nouveau gaz, la part infime de ces véhicules parmi ceux circulant en France, la faible part du parc automobile français représentée par les véhicules Mercedes, et enfin le caractère très étalé dans le temps (jusqu’à 2017) du passage prévu par la directive 2006/40/CE du Parlement européen et du Conseil du 17 mai 2006 concernant les émissions provenant des systèmes de climatisation des véhicules à moteur à des gaz faiblement polluants, uniquement pour les véhicules neufs, a estimé, qu’en l’état de l’instruction, la mise en circulation en France des véhicules concernés par la décision contestée ne peut être regardée comme étant de nature, par elle-même, à nuire gravement à l’environnement.

Le juge des référés a considéré, au vu de la part que représentent les véhicules concernés dans son activité et de la situation commerciale dans laquelle la décision litigieuse la plaçait, qu’il n’était pas douteux que la persistance du blocage ne pouvait qu’exposer la société ainsi que le réseau de ses distributeurs à des annulations des commandes ainsi que des pertes de ventes et de clients, leur occasionnant ainsi, de manière suffisamment certaine et alors même que la décision contestée n’a qu’une portée temporaire, un grave préjudice commercial, financier et d’image. Il en a déduit que la condition d’urgence était remplie.

En conséquence, le Conseil d’État a prononcé la suspension de la décision du ministre et a enjoint à titre provisoire à ce dernier, dans l’attente de la décision que rendra le Conseil d’État au fond, de délivrer les codes d’identification des types de véhicules visés par la décision du 26 juillet 2013 afin de permettre leur immatriculation en France dans les deux jours suivant le prononcé de son ordonnance.

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