L’impact économique des professions juridiques en France

Le 13 Juil 2021

Par Patrick Gaulmin

Mesurer l’apport du droit et des professions juridiques à notre économie, tel est l’objet du rapport réalisé par Bruno Deffains, professeur à l’université Panthéon-Assas, à l’initiative de l’AFJE et du Cercle Montesquieu, qui l’ont placé sous l’égide de Paris Place de droit. Selon ce rapport, l’impact économique des professions juridiques en France représente plus de 360 000 emplois directs et 44,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 1,8 % du PIB français.

Des professions juridiques qui pèsent dans le PIB national:

– 361 513 emplois directs (soit 1,25 % de la population active occupée) ;

– 38,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires ;

– + 5,6 milliards d’euros pour les professions administratives, judiciaires et l’enseignement supérieur.

Selon Laure Lavorel, présidente du Cercle Montesquieu, « Si l’on tient compte des activités paralégales et des start-up de la legaltech, on peut même estimer que « l’industrie du droit » représente au moins 400 000 emplois et 2 % du PIB » (contre 0,8 % pour le Transport aérien ou la Publicité).

Le droit, un enjeu de compétition internationale. – Cette évaluation du poids des professions juridiques revêt une importance particulière dans un contexte de compétitivité internationale où les problématiques de protection et d’investissement, notamment en matière de capital humain, sont au cœur des enjeux. Pour Bruno Deffains, associée à une mise en concurrence entre législations « manipulées comme un objet de marché », la compétition se joue également dans l’accélération de la transformation numérique. Elle engendre de profondes restructurations et oblige les fournisseurs de prestations juridiques à innover et adopter une approche entrepreneuriale. Une compétition accrue également depuis le Brexit : « Londres met en œuvre des stratégies de protection qui vont de l’argumentation juridique sur la puissance et l’attractivité de la common law et des juridictions de Londres, aux campagnes de promotion purement commerciales qui louent les compétences et le savoir-faire des juristes de la City ainsi que la protection de la confidentialité de leurs avis, y compris en entreprise », rappelle le rapport.

Les professions juridiques : un levier de croissance en France. – Le rapport démontre l’opportunité de croissance du marché français des professions juridiques. « En y intégrant aussi les juristes d’entreprise, le potentiel de développement du marché français au regard de la situation des principaux marchés voisins demeure considérable ». Pour Bruno Deffains, « Il semble possible d’avancer l’idée d’une interdépendance de l’offre et de la demande qui se traduit par une corrélation positive et observable entre la densité d’avocats/juristes d’entreprise et le recours au droit ». Autrement dit, la hausse du nombre de professionnels juridiques entraîne naturellement l’augmentation de la demande de services juridiques et de leur chiffre d’affaires grâce à l’émergence de nouveaux marchés.

De la nécessité économique d’un statut renforcé pour le juriste d’entreprise. – « Le statut d’avocat a une valeur économique spécifique dans la mesure où il protège le capital humain juridique, souligne l’auteur du rapport. C’est précisément la raison pour laquelle doter les juristes d’entreprise d’un statut renforcé contribuant à la protection de leurs fonctions contribuerait à améliorer la compétitivité économique de ces professionnels ». L’absence de protection suffisante risque d’avoir une double conséquence : des groupes internationaux pourront être réticents à localiser en France leurs activités juridiques ; des grandes entreprises pourraient faire le choix de placer des avocats étrangers à la tête des directions juridiques.

Le capital humain : facteur de compétitivité à valoriser dans un environnement concurrentiel. – Protéger et investir dans ce capital humain est un facteur clé dans cette compétition internationale. « Il est illusoire de penser que l’attractivité du droit ne tient qu’à des éléments de contenu du droit, précise Bruno Deffains ; elle tient aussi et surtout à la formation, aux compétences et au savoir-faire des professions juridiques ».

La globalisation de la demande de services juridiques suppose « de nouveaux apprentissages et donc de nouvelles formes d’enseignement du droit à même de former des juristes performants et compétitifs pour accompagner le développement des entreprises et celui du système juridique français dans un environnement juridique international de plus en plus concurrentiel ».

Sources: AFJE, Cercle Montesquieu, rapp. juill; 2021, Lexis-Nexis.

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